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Catherine

Empreinte


L'homme était mort, raide, lavé, enveloppé de linges blancs. Son esprit dérivait dans l'entre-deux étrange qui suit le sombre plongeon. Il venait de quitter une vie, une histoire, un monde.

Tandis qu'il s'engouffrait dans la spirale lumineuse qui se matérialisait au fur et à mesure devant lui, son aventure humaine lui revint à l'esprit.

Il la vit semblable à des pas s'imprimant sur le sable, légers quand la vie était simple ou pétillante de joie, lourds et profonds les jours de détresse.

Son attachement à Dieu n'avait jamais failli, il avait vécu en état de mémoire permanente. Il n'avait jamais oublié l’Être. Aussi le Seigneur l'avait accompagné partout. Il vit sa trace à côté de la sienne. Il sourit.

Puis, contemplant encore son chemin, il s'aperçut que la double trace d'empreintes n'était pas constante. Dieu avait traversé avec lui ses bonheurs, mais les jours de malheur, lui, l'humain, le pauvre homme, avait dû cheminer sans compagnie aucune. Son âme à l'agonie interpella Dieu :

- Seigneur, pourquoi m'as-tu abandonné ? Vois comme j'étais mal, comme j'étais seul !

Dieu, toujours près de lui, répondit :

- Regarde mieux la forme des pas : quand tu étais joyeux, j'étais près de toi, mais quand tu souffrais, que tu t'épuisais à affronter les difficultés du monde et ne tenais plus debout seul, je te portais !

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