Assis en pleine conscience, le corps et l’esprit peuvent être en paix et complètement détendus. Cet état paisible et relaxé est fondamentalement différent de la somnolence semi-consciente et paresseuse que l’on connaît en faisant la sieste. Loin d’être de la pleine conscience, l’assise dans cet état de demi-sommeil est comme une assise dans une caverne obscure.
Dans la pleine présence d’esprit, nous sommes non seulement reposés et heureux, mais aussi alerte et éveillé. La méditation n’est pas une évasion : c’est une rencontre sereine avec la réalité.
Celui qui pratique la pleine conscience ne doit pas être moins attentif qu’un conducteur au volant ; si le pratiquant n’est pas vigilant, il sera vite distrait, négligent, ou comme un conducteur somnolent, susceptible de causer un accident. Soyez aussi attentifs qu’une personne marchant avec des échasses, tout faux pas est risque de chute.
Aux débutants, je recommande la méthode de reconnaissance pure : reconnaître sans juger. Les sensations, les sentiments, que ce soit de compassion ou de colère, doivent être accueillis, reconnus et traités d’une façon absolument égale car tous deux sont nous-mêmes. Je suis la mandarine que je mange, je suis la graine que je plante. Tout est à traiter avec le même soin.
Dans la pleine conscience, la compassion, la colère, la graine sont importantes.
Il est vrai que la méthode de l’observation pure et de la reconnaissance peut sembler difficile à pratiquer lorsque nous sommes en proie à la tristesse, à l’anxiété, à la colère, à la passion…
Dans ce cas, orientez votre méditation précisément, en utilisant votre propre état d’esprit comme le sujet de votre méditation. Une telle méditation est révélatrice et curative. Sous le regard de la concentration et de la méditation, la tristesse, l’anxiété, la colère ou la passion se découvrent dans leur véritable nature : une révélation amenant naturellement à la guérison et à la libération.
Nous devrions traiter notre anxiété, notre douleur, notre haine et notre passion avec douceur et respect, ne pas leur résister, mais vivre en leur compagnie, faire la paix avec elles et pénétrer leur nature par la méditation.
Chacun de nos objets de méditation est semblable à un plat que l’on doit cuire longtemps à feu vif. Il faut le mettre dans une marmite, le couvrir et allumer le feu. La marmite, c’est nous-mêmes ; la chaleur nécessaire à la cuisson, c’est le pouvoir de concentration, et le combustible provient de la pratique continue de la pleine conscience. Si la chaleur n’est pas suffisante, la nourriture ne cuira pas mais, une fois cuit, le plat est succulent.
Quand le pratiquant arrive à toucher la véritable nature de l’objet de sa méditation –sa colère, ses craintes ou la personne détestée– il est libéré.
Vivre en pleine conscience, c’est vivre le moment présent. Tout simplement. Nous n’avons pas besoin de s’observer longtemps pour constater que notre présent est presque toujours habité par le passé et le futur. Nous sautons du lit le matin en pensant à tout ce qui nous attend dans les prochaines heures et rentrons le soir avec tout ce qu’il y a eu de bon et de moins bon dans la journée. La tête pleine de souvenirs et de projets qui se bousculent sans arrêt, comment pouvons-nous alors réellement apprécier, par exemple, la joie de l’enfant débordant de bonheur à nous retrouver ?
Nous ne sommes pas là avec lui, à partager sa joie de vivre. Nous sommes ailleurs, à laisser trotter dans notre tête ce qui ne fait plus ou ne fait pas encore partie du présent. Comment pouvons-nous réellement voir la tendre beauté d’une fleur si notre esprit vagabonde entre l'hier et le plus tard ? Comment pouvons-nous être fascinés par la radiante beauté d’un coucher de soleil si nous l’observons distraitement en pensant aux plaisirs à venir du souper qui mijote ?
La joie, la paix, le bonheur nous entourent constamment dans les simples petits faits et gestes de tous les jours. Si nous ne sommes pas pleinement là pour les apprécier, comment pourrons-nous jouir de leur réalité ?
Nous passons le tiers de notre vie endormis, huit heures de sommeil en moyenne sur vingt-quatre heures. Combien, les deux tiers restants, vivons-nous pleinement, bien ancrés dans le merveilleux présent, à jouir pleinement de cet indescriptible cadeau qu’est la vie ?
Pas étonnant que nous entendions fréquemment : mes dernières vacances, ou encore ma jeunesse et même ma vie, ça a passé tellement vite… je n’ai rien vu !
Nous sommes ici et maintenant.
Nous en sommes conscients et le seul moment à vivre est cet instant présent, unique et merveilleux.
C’est le seul moment qui soit réel.