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Catherine

La cascade

Dans le profond silence des monts, la voix des cascades grandes et petites, si on l'écoute longtemps et attentivement, peut se transformer en un discours articulé, le plus souvent incompréhensible, qui se répète et se répète à l'infini.

Dans certains cas, il s'agit de vrais messages chiffrés. Je n'avais pas vingt ans et j'étais en compagnie de deux alpinistes, le jour où je fus contraint à un bivouac, d'ailleurs assez agréable, dans une vallée qui est le théâtre de nombreuses légendes.

Près de là coulait une petite cascade. Étendu sur l'herbe, dans un demi-sommeil, je m'aperçus que l'eau répétait des paroles précises, dans une langue inconnue, et il me fut facile de les transcrire. En apparence, cela ne signifiait rien :


siama jiari de le jiota

tseliquo sias jiom rosert'l

Bien des années plus tard, je me suis construit un petit chalet et sur la cimaise de la cheminée, je fis transcrire la phrase mystérieuse en lettres capitales. Plus tard, en face de la cheminée, j'accrochai une glace où un jour je vis par hasard la phrase à l'envers. Il me vint un soupçon et je me mis à l'étudier. Je changeai la division des syllabes et les accents.

Il en sortit ceci :


l'trésor moi j'sais ou q'il est

a toi je le dirai jamais

Impertinente cascade.

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