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Catherine

Se reposer dans la rivière

Imaginez que vous teniez un caillou, que vous le lanciez en l’air et qu’il retombe dans une rivière. Après que le caillou ai touché la surface de l’eau, il s'enfonce lentement dans la rivière. Il atteindra sans effort le lit de la rivière. Une fois immobilisé au fond, il continue de se reposer. Il laisse l’eau suivre son cours. Le caillou atteint le fond par le plus court chemin parce qu’il se laisse tomber sans s’opposer. Lors d'une méditation assise, vous pouvez vous reposer comme un caillou. Vous laissez couler sans effort dans la position assise, la posture du repos.

Se reposer est une pratique très importante. Nous devrions apprendre l’art de nous reposer car c'est la première partie de la méditation. Vous devriez laisser votre esprit se reposer car, au même titre que notre corps, il a besoin de repos. Cependant, très peu d’entre nous savons comment permettre à notre corps et notre esprit de se reposer. Nous sommes toujours en lutte et le combat est devenu pour nous une habitude tenace. Nous ne pouvons résister à nous activer. Nous nous débattons même durant notre sommeil...

Il est important de prendre conscience que nous avons acquis cette habitude de la bataille, si profondément inscrite en nous, et de savoir la reconnaître afin de la changer. Une habitude devenue une source puissante d’énergie qu'elle modèle notre comportement, nos actes et nos réactions. Quand un animal est blessé, il trouve un endroit calme, se couche et ne fait rien. Il sait que c’est la seule façon de guérir. Il ne pense à rien, ni à chasser, ni même à manger. Car ne pas manger est une merveilleuse façon de permettre à notre corps de se reposer. Nous sommes si inquiets de nous trouver de la nourriture que nous avons peur de laisser notre corps se reposer et jeûner.

Dans notre conscience aussi il y a des plaies, des souffrances. Notre conscience aussi a besoin de repos afin de se rétablir. Notre conscience fonctionne tout comme notre corps qui sait comment guérir si seulement nous lui en donnons la chance. Quand on se coupe le doigt, nous n’avons rien d’autre à faire que de maintenir la plaie propre et lui laisser le temps de guérir. On peut dire la même chose à propos de notre conscience qui sait comment se guérir, si nous lui en fournissons l’occasion. Mais, nous ne le faisons pas. Nous essayons toujours de faire quelque chose. Nous sommes si préoccupés par notre guérison que cette angoisse nous empêche de guérir.


Nous ne savons pas être en paix avec nous-même. Nous ne savons pas nous asseoir; nous ne savons pas nous étendre. Il y a en nous une énergie qui nous porte à faire ceci, cela, à penser à ceci, à cela et cette agitation nous rend malheureux. Nous devons apprendre à composer avec cette énergie. C’est pourquoi nous pouvons apprendre ces techniques qui permettent à notre corps et à notre esprit de se reposer.

J’aimerais vous offrir quelques instructions à propos de la méditation marché. La marche méditative veut tout simplement dire que nous apprécions le fait de marcher sans aucune intention d’arriver quelque part. Nous n’avons à aller nulle part. Nous n’avons aucune destination. Nous marchons, simplement. Nous apprécions la marche. Un pas à la fois. Cela veut dire que marcher, c’est aussi s’arrêter; voilà en quoi cela consiste.


D’habitude, dans notre vie active, nous marchons parce que nous voulons aller quelque part. Marcher est un moyen pour arriver quelque part et c’est pourquoi nous n’apprécions pas chaque pas que nous faisons. La marche méditative est autre chose. Nous marchons pour marcher. Vous appréciez chaque pas que vous faites. Il s’agit en quelque sorte d’une révolution dans notre façon de marcher. Vous vous permettez de goûter chaque pas que vous faites.

Le miracle n’est pas de marcher sur des charbons ardents ou sur l’eau ou dans l’air léger; le miracle, c’est de marcher sur la terre ferme. Vous inspirez. Vous devenez conscient du fait que vous êtes vivant et que vous marchez sur cette belle et merveilleuse planète. Ceci est déjà accomplir un miracle. Le plus grand de tous les miracles est d’être vivant. Nous devons nous éveiller à cette vérité que nous sommes ici, vivant.


Mais nous devons être ici pour que le miracle soit possible. Nous devons être dans l’ici et le maintenant. Si vous êtes capable de marcher de cette manière, chaque pas sera très nourrissant. Vous marchez comme si vous embrassiez la terre avec vos pieds, comme si vous massiez la terre avec vos pieds. Il y a beaucoup d’amour dans cette pratique de la marche méditative.

Le Bouddha nous disait que le passé est révolu et le futur n’est pas encore là. Ne regrettons pas le passé. Ne nous angoissons pas avec l’avenir. Revenez au moment présent et vivez profondément le moment présent. Parce que vous ne pouvez toucher à la vie qu’au moment présent. La vie n’est disponible que dans le moment présent. C’est pourquoi la marche méditative nous ramène au moment présent, de façon à être encore vivant et à toucher profondément la vie, à ce moment. Pour pouvoir toucher la terre avec nos pieds et apprécier marcher, nous devons nous établir avec fermeté dans le moment présent, dans l’ici et le maintenant.


Dans la marche méditative, nous marchons comme une personne libre. Il ne s’agit pas d’une liberté politique. Nous sommes libres de nos afflictions, de nos peines et de nos peurs. A moins d’être libre, vous ne pouvez apprécier la marche.

J’aimerais vous proposer un court poème que vous pourriez utiliser lors de votre marche méditative : - Enfin, je suis arrivé chez moi, Dans l’ici et le maintenant. Je suis solide. Je suis libre. Vous pourriez faire deux pas, inspirer et dire "je suis arrivé, je suis arrivé". Et quand vous expirez, vous faites deux autres pas et dites en silence "chez moi, chez moi". Notre vraie demeure est réellement dans l’ici et le maintenant. Parce que nous ne pouvons toucher à la vie que dans l’ici et le maintenant. Comme le disait le Bouddha, la vie n’est disponible que dans le moment présent; ainsi, revenir au moment, c’est arriver chez soi. C’est pourquoi vous faites un ou deux pas et vous vous éveillez au fait que vous êtes arrivés. Vous êtes arrivés au moment présent. Si vous êtes capable d’arriver, alors vous allez cesser de courir – courir au dedans et courir au dehors. Il y a une croyance que nous avons que le bonheur n’est pas possible ici et maintenant. Nous devons aller ailleurs. Nous devons nous projeter dans l’avenir pour être vraiment heureux. Ce type de croyance n’est pas nouveau. Peut-être que cette idée nous a été transmise par nos ancêtres et nos parents. C’est pourquoi nous devons nous éveiller à cette habitude d’agitation et pratiquer le contraire. Le Bouddha nous a dit qu’il est possible d’être en paix et heureux ici et maintenant. Ceci est l’enseignement du trista dharma sadha vihara. Cela veut dire vivre heureux directement dans l’instant. Quand vous êtes ici, corps et esprit unifiés, vous avez la chance de rassembler les conditions à votre bonheur. Si vous êtes capable de toucher à ces conditions du bonheur qui sont toujours présentes dans l’ici et le maintenant, vous pouvez être heureux tout de suite. Vous n’avez plus à courir nulle part, spécialement dans le futur. Quand nous pratiquons la marche, nous pouvons être conscient que nos pieds sont forts. Nos pieds sont assez forts pour que nous puissions marcher et courir. Quand j’inspire et que je deviens conscient de mes yeux, je rencontre une autre condition à mon bonheur. Quand j’inspire, je suis conscient de mes yeux. Quand j’expire, je souris à mes yeux.


Ceci est un exercice, un exercice très simple pour vous aider à prendre conscience que vous avez des yeux qui sont encore en bonne condition. Vous n’avez qu’à vous ouvrir les yeux pour voir le bleu du ciel, le blanc des nuages, la végétation luxuriante. Vous pouvez voir toutes sortes de formes et de couleurs simplement parce que vos yeux sont en bonne condition.

Vos yeux sont une autre condition de votre bonheur. Nous avons accès à beaucoup de conditions à notre bonheur et pourtant, nous sommes encore malheureux. Nous voulons encore fuir le moment présent et espérer trouver le bonheur dans l’avenir. J’inspire et je suis conscient de mon cœur. J’expire et je souris à mon cœur. C’est un autre exercice.


Quand vous pratiquez de cette façon, vous touchez à votre cœur avec votre attention. Si vous continuez pour une minute, vous vous apercevez que vous avez un cœur qui fonctionne normalement. C’est merveilleux d’avoir un cœur qui fonctionne encore normalement. Il y a des gens dont le cœur ne fonctionne pas bien et dont le vœu le plus cher serait d’avoir un cœur comme le vôtre.

Ainsi, nous avons plusieurs conditions qui pourraient suffire à notre bonheur, mais nous ne sommes pas capables d’être heureux à cause de notre tendance à quitter l’instant pour fuir dans l’avenir.


Inspirer, sourire, être en contact avec les conditions déjà présentes pour notre bonheur, voilà ce que chacun de nous peut faire. Voilà pourquoi nous pouvons nous arrêter et nous installer dans le moment présent. Ceci est l’enseignement de l’art de vivre heureux dans l’instant présent. S’il vous plaît, entraînez-vous à faire du moment présent, l’ici et le maintenant, votre vraie demeure. C’est vraiment notre seule demeure. C’est le seul lieu où nous puissions toucher à la vie.

Tout ce que nous cherchons doit être trouvé dans l’ici et le maintenant. De cette façon, la marche méditative peut être un vrai bonheur et peut nous guérir. Devez-vous faire un effort pour pratiquer la marche méditative ? Je ne pense pas. C’est comme lorsque vous buvez un verre de jus d’orange. Croyez-vous que vous devez faire un effort pour apprécier le jus d’orange ? Non. Il en va de même pour la marche.


Pour vraiment apprécier un verre de jus d’orange, vous devez être présent à l’expérience à cent pour cent, corps et esprit ensemble. Si vous êtes là, corps et esprit fermement établis dans le moment présent, alors le verre de jus d’orange deviendra réel pour vous. Vous êtes réel, alors, le jus est réel. Et alors, la vie est réelle. La vie existe. La vie est profonde quand vous buvez votre jus d’orange.

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