Voici un livre qui a inspiré beaucoup de générations. Je ne ferais pas d’analyse du livre, il parle de lui-même. Je laisse donc la place au texte. Aujourd'hui, sur le plaisir.
Le plaisir est un chant de liberté, mais il n'est pas la liberté.
Il est l'épanouissement de vos désirs, mais il n'est pas leur fruit.
Il est une profondeur appelant une hauteur, mais il n'est ni le bas, ni le haut.
Il est l'encagé prenant son envol, mais il n'est pas environné d'espace.
Oui, en toute vérité, le plaisir est un chant de liberté.
Et je vous entendrais volontiers le chanter de tout votre cœur, mais je ne voudrais pas vous voir perdre vos cœurs à le chanter.
Quelques-uns parmi vos jeunes recherchent le plaisir comme s'il était tout, et ils sont jugés et blâmés.
Je ne voudrais ni les juger ni les blâmer. Je voudrais qu'ils cherchent.
Car ils trouveront le plaisir, mais pas lui seul, ses sœurs sont au nombre de sept, et la moindre d'entre elles est plus belle que le plaisir.
N'avez-vous pas entendu parler de l'homme qui creusait la terre à la recherche de racines et trouva un trésor ?
Et certains de vos anciens se rappellent avec regret leurs plaisirs comme de fautes commises en état d'ivresse.
Mais le regret est un obscurcissement de l'esprit et non un châtiment.
Ils devraient se rappeler leurs plaisirs avec la même gratitude que la récolte d'un été.
Cependant, si pour eux le regret est un réconfort, qu'ils soient réconfortés.
Et il en est parmi vous qui ne sont ni assez jeunes pour chercher, ni assez vieux pour se souvenir,
Et dans leur crainte de la recherche et du souvenir, ils fuient tout plaisir, voulant éviter de négliger l'esprit ou de l'offenser.
Mais leur plaisir est dans ce renoncement même.
Et c'est ainsi qu'eux aussi découvrent un trésor alors qu'ils cherchaient des racines de leurs mains tremblantes.
Mais dites-moi, quel est-il celui qui peut offenser l'esprit ?
Le rossignol offense-t-il la paix de la nuit, ou la luciole les étoiles ?
Et votre flamme, ou votre fumée, est-elle un fardeau pour le vent ?
Pensez-vous que l'esprit soit un étang tranquille que vous pouvez agiter avec un bâton ?
En vous refusant le plaisir, vous ne faites souvent qu'entreposer le désir dans les replis de votre être.
Qui sait si ce qui semble omis aujourd'hui n'attend pas à demain ?
De même votre corps connaît son héritage et ses justes besoins et ne se laissera pas tromper.
Et votre corps est la harpe de votre âme, et c'est à vous d'en tirer des sons confus ou de la douce musique.
Et maintenant vous vous demandez en votre cœur : Comment distinguerons-nous dans le plaisir ce qui est bon de ce qui n'est pas bon ?
Allez dans vos champs et vos jardins, et vous apprendrez que l'abeille a plaisir à collecter le miel de la fleur,
Mais que c'est aussi le plaisir de la fleur que de livrer son miel à l'abeille.
Car pour l'abeille la fleur est fontaine de vie, et pour la fleur l'abeille est messagère d’amour, et pour les deux, fleur et abeille, donner et recevoir, le plaisir est un besoin et un ravissement.
Soyez dans vos plaisir comme la fleur et l'abeille.