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Catherine

L’opinion d’autrui

Pour un vrai chercheur, toutes les contingences inévitables de la vie (physique, mentale, psychologique, sociale, professionnelle) ne doivent pas être des obstacles. Ce qui est votre plus grand bien, bien plus précieux que l’or, est votre mental. Votre mental peut être un ami toujours disponible, jour et nuit.

Même quand vous êtes seul, abandonné, impuissant, dans une détresse ou une situation critique, votre mental est à portée de main pour vous montrer le chemin. Si vous êtes irréfléchi, insensé, égoïste, vous serez toujours en lutte avec lui.

Votre mental n’ayant pas été suffisamment éduqué par la connaissance de soi, vous avez du mal à lui reconnaître sa précieuse valeur. Il n’y a rien au monde qui soit aussi constamment à votre entière disposition, si continuellement présent, prêt à vous obéir et à vous aider.

De même que la carrière d’un pianiste dépendra de ses mains, celle d’un artisan de ses outils, de même le chercheur spirituel doit protéger scrupuleusement tous les outils nécessaires à son cheminement. Votre mental est un de ces outils précieux. Il vous faut donc en prendre soin en l’éduquant, en le traitant avec respect. Quels sont ses ennemis ?

- la tendance à la passion et au trouble,

- la tendance à l’inertie et à l’obscurité.

- les attractions extérieures et la tendance des organes des sens à consommer systématiquement tous les objets sensibles,

- la colère, l’avidité, l’oisiveté, la débauche.

Occupez-vous donc à donner à votre mental des activités élévatrices. Restez en bonne compagnie, fortifiez-le, nourrissez-le de connaissance, tournez-vous vers les arts nobles. Ne le laissez pas aux mains de votre être instinctif et inférieur.

C’est la paresse qui ruine le mental. Donnez-vous du mal. Travaillez à cette situation intérieure qui est la vôtre. Soyez le meilleur ami de votre mental, et il remplira son vrai rôle, il vous rendra authentique et joyeux de l’être. Lorsque nous observons les êtres humains, la plupart fonctionnent presque de façon mécanique, actionnés par des habitudes et peu conscients de ce qui se passe dans le réel.

Écoutez :

Un jour, un homme lit dans une revue une publicité qu’il apprécia beaucoup : Monsieur, pourquoi ne pas acheter quelques jolies fleurs de l’été ? Emmenez-les par un jour sans joie, pour mettre un sourire sous votre toit. Offrez-les donc à votre femme, elles lui parleront de votre flamme.

L'homme s’exécuta sans hésiter une seconde. Il acheta un petit bouquet de roses et se rendit chez-lui. Contrairement à son habitude, il frappa à la porte au lieu d’entrer sans s’annoncer. Sa femme vint ouvrir et éclata en sanglots en le voyant, un bouquet à la main.

- Mais qu’as-tu donc ? s’inquiéta le mari.

- Tout va mal aujourd’hui, hoqueta-t-elle. J’ai cassé la théière, le bébé a hurlé pendant des heures, la bonne a remis son tablier et voilà que tu rentres plus saoul que jamais !

C’est cela être une machine : fonctionner sans être conscient, ne pas percevoir le réel. C’est réagir sous la dictée de ses pensées, de ses souvenirs, de ses projections, de ses peurs, de ses désirs, de son passé. Nous avons beaucoup de mal à regarder les choses telles qu’elles sont ici et maintenant. Nous regardons les choses avec les lunettes du passé, en interprétant à coup de souvenirs, à coup de clichés, d’idées préconçues.

Dans cette histoire, la femme voit l’ivrognerie de son mari le jour où celui-ci rentre sobre. Comment savoir qu’un homme n'est pas alcoolisé si vous ne l’avez jamais vu qu’en état d’ébriété ? Quant à l'homme, il décide de partager son élan amoureux et poétique avec sa femme sans conscience de la dure réalité de cette dernière à ce moment-là.

Beaucoup d’entre-nous, fonctionnons comme des machines, comme des robots.

Allons plus profondément dans vos mécanismes mentaux pour vous montrer à quel point vous faites de votre mental votre pire ennemi.

En permanence, nous brandissons et parfois malgré nous, des étiquettes sur autrui. Supposons que vous rencontriez un homme dont la vibration vous plaît spontanément. Vous échangez quelques paroles, et l’inconnu vous semble vraiment attachant. Mais à un moment donné, vous apprenez que c’est un repris de justice. Terminé ! Il ne reste plus rien de votre sympathie. Vous vous contractez, vous vous retranchez dans la petite boite "prisonnier". Vous êtes bien, lui est mauvais. La réalité de cet homme ne vous intéresse plus du tout. Cette réalité est un démenti de vos convictions, de vos catégories mentales.


Il faut donc très vite éliminer cet homme de votre sphère. Il se peut toutefois que cela soit judicieux. Mais votre mental ne lui a pas donné sa chance.

Nous faisons cela en permanence. Si vous étiez Juif et qu’il soit Palestinien, cela serait identique.

Nous faisons de même en ce qui concerne les différences de classes sociales. Nous éliminons plus facilement quelqu’un d’une classe sociale différente. Si la personne est plus riche, soit vous validerez la personne à vos yeux même si elle n’en vaut pas la peine ou ne la validerez pas par gène ou complexe. Si vous êtes très aisé, vous ne traînerez pas avec des "petites gens" comme le terme péjoratif le déclare. Même si cela est inconscient ou très bref, cela existe en vous.

C’est cela se comporter comme un robot.

Beaucoup d’entre-nous sommes finalement un amalgame des opinions d’autrui. Si c’est le cas, c’est que nous n’existons pas encore pleinement que par nous-mêmes. Mais qui êtes-vous au juste ? Les uns vous trouvent à leur goût, et vous vous sentez séduisant. D’autres vous trouvent fade, et vous vous sentez laid. Pour celui-ci vous êtes incroyable, et vous vous sentez exceptionnel. Pour celui-là, vous êtes à fuir ou d’une banalité affolante.

Les gens vous collent des qualités et vous les gardez précieusement pour façonner à vos propres yeux une image de vous. C’est pour cela que nous nous sentons parfois si divisé, si ambigu, si incohérent. Nous sommes la poubelle des avis d’autrui et notre mental inférieur valide cela. Alors nous avons peur du regard de l’autre et à sa merci. La société nous a éduqués ainsi.

Pour être apprécié, il faut se soumettre aux règles et cela dès l’enfance. Le piège crée par les gens de pouvoir dans notre système social est fait de récompenses, de promotions, d’honneurs et de promesses. Mais l’homme libre ne peut pas jouer ce jeu-là. L’homme libre est conscient du mécanisme d’asservissement.

Votre image est donc très souvent un produit social, et si vous ne vous conformez plus à ce que les autres attendent, alors vous serez détruit en quelques instants. Pourquoi, parce que vous n’existez pas encore pleinement par vous-même. Vous assimilez les louanges et vomissez les critiques. Aucun jugement extérieur ne peut faire que vous soyez quelqu’un de bien ou non. Vous seul faites de vous-même ce que vous êtes.

Cessons de subir l’opinion des autres à notre sujet, qu’elle soit bonne ou mauvaise. N’acceptez que rarement l’opinion d’autrui. Dites-vous simplement : je suis ce que je suis. Rien de plus, rien de moins. Vous pourrez imposer votre vraie valeur et votre être authentique. Ceux qui savent voir, sauront qui vous êtes. Personne à ce moment-là ne pourra vous gouverner.

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