Il nous suffit d’observer la vie pour comprendre qu’elle est un cheminement complexe jalonné de prises de conscience et de dépassements, de changements de principes anciens vers des principes nouveaux. En premier lieu, si nous regardons simplement les choses de l’existence telles qu’elles sont, vous verrez que les opposés sont souvent complémentaires et que la tension entre eux est la base sur laquelle repose l’existence.
Ne serait-ce que le concept de la vie et de la mort qui ne peuvent exister l’un sans l’autre.
La mort donne à la vie sa couleur et son intensité. La mort est impliquée dans la vie. Si nous voulons vivre de manière authentique, nous devons apprendre à vivre mais aussi à mourir constamment en maintenant un équilibre entre la naissance et la mort, et tenter de rester au milieu.
Rester en vie, au milieu, n’est pas un phénomène statique.
Ce n’est pas parce que l’on a atteint quelque chose et que cela est terminé, qu’il n’y a plus rien à faire. Nous n’atteignons jamais l’équilibre pour toujours. Nous devons incessamment l’atteindre, encore et encore.
Beaucoup de gens pensent qu’une fois qu’ils ont gouté à la méditation, cela suffit et qu’ils seront désormais en méditation. Grande erreur. Cela relève d’un équilibre qu’il faut constamment atteindre. Ce n’est pas un objet que l’on tient dans ses mains. C’est un travail que vous devez revendiquer pour vous-même à chaque instant et qui ne durera pas éternellement puisque vous n’êtes pas éternels, du moins dans le sens général où vous l’entendez.
Ce n’est qu’en revendiquant inlassablement votre quête et votre connaissance qu’elle peut devenir vôtre.
Il n’y a pas de repos dans la vie. La vie est un mouvement constant d’une perfection à une perfection plus grande. Elle n’est jamais parfaitement parfaite : une plus grande perfection est toujours possible.
L’histoire des sociétés humaines a toujours fonctionné sur ce principe.
Chaque société humaine a une conception de ce que sera son avenir, de ce qu’elle imagine ou désire devenir, au même titre qu’un individu. Dans l’histoire de l’humanité, le concept de perfectionnement s’est illustré par le concept de modernité, sans cesse changeant, qui fut à l’origine de bien des querelles idéologiques, politiques, sociales et artistiques.
Faire du nouveau, remettre en question l’ancien, changer, dépasser pour construire ce que sera l’avenir, voilà une préoccupation de nature humaine. Chaque groupe humain rêve donc de devenir quelque chose de différent de ce qu’il est, aussi bien dans le temps que dans l’espace.
L’évolution des mœurs, des inventions technologiques ou scientifiques, des valeurs, des idéaux, des esthétiques sont alors mise en jeu. Observez vos propres enfants, comment ils s’évertuent à se différencier de vous. Vous, les anciens, par leur mode vestimentaire, leurs goûts musicaux, leur concept du monde. Il y a là une audace à vivre. Nous avons fait pareil lorsque nous étions jeunes. C’est là que le terme de progrès prend aussi son sens.
Lorsque nous faisons le constat de l’immaturité spirituelle, de la perte des valeurs de respect de l’autre au profit aveugle de la satisfaction individuelle et du manque de loyauté grandissant, il est à parier que bon nombre de gens vont se tourner, par asphyxie, vers la connaissance de soi en redécouvrant des principes millénaires considérés jusqu’ici comme étant ceux de la sagesse. Ces concepts et connaissances ont d’ailleurs traversé les âges, les guerres, les inventions, en restant intactes et universelles.
Alors que le monde devient un monde de droits sans devoirs, un nouveau modèle de société pourrait être fondé sur l’altruisme, seul capable de s’inquiéter des générations futures. Qui fait du bonheur de l’autre la condition du sien.
Il y a de nos jours, dans notre société, des consciences qui y travaillent : des jeunes générations s’orientent de plus en plus vers le cheminement spirituel, vers les ONG, le développement durable, sans compter les acteurs politiques et écologiques qui œuvrent patiemment à sauver la planète.
Il y a là une invitation à se conduire de façon positive pour l’humanité, à repenser à long terme, à sauver le savoir et la réflexion pour chacun.
Développez cette attitude altruiste désintéressée et diminuez la notion de concurrence du plus fort, du plus brillant.