Les moments de doute et de découragement font partie de la nature humaine.
Nous courons une grande partie de la vie pour réaliser nos désirs et notre mental se crée bien souvent un monde fait d’illusions. Parfois cette illusion s’effrite et le constat est amer. Le sentiment de l’erreur nous habite et l’idée de poursuivre sur de nouvelles bases nous anéantit, tant le travail qui reste à faire semble immense.
Parmi les désirs omniprésents, celui de vouloir être en sécurité est un des plus importants, mais le désir de sécurité s’oppose en fait à la croissance spirituelle. Les vies superficielles, matérialistes, sont sécurisantes certes, mais elles sont insipides, inodores, incolores.
Elles ont le même effet que les fleurs artificielles sur un tombeau ou dans votre salon.
De la même manière que nous ne sommes jamais en sécurité dans l’existence et que nous pouvons perdre une situation, un proche, la santé, l’argent ; de la même manière, pour le chercheur spirituel, nous pouvons retomber au bas de l’échelle à tout moment malgré des années d’efforts. Il suffit de renier, de douter, de trahir, d’oublier, de mal interpréter, de décrocher, pour retrouver nos souffrances anciennes.
Une infime partie d’égo suffit à nous faire replonger. La quête de l’éveil n’est jamais sécurisée tant que nous sommes pris au piège de l’égo.
Accepter de vivre vraiment, c’est accepter de vivre sans sécurité et rencontrer de façon permanente la vie dans tous ces aspects, des plus positifs aux plus négatifs. Les moments de doute ne doivent ni être regrettés, ni occultés. Ils sont là. Laissons donc les choses être ce qu’elles sont, mais en les acceptant, en les observant. Nous ne sommes en sécurité que dans l’observation pure de ce qui est. La vie peut alors se montrer dans toute sa splendeur lorsque nous savons la regarder.
Qu’entendons-nous par peur ? nous dit Krishnamurti.
La peur est ce qui nous relie à quelque chose ou à quelqu’un. Nous avons peur de quelque chose, de quelqu’un, d’une situation, d’un état, d’une émotion, d’une idée. Elle se base donc sur une relation. La vie est relation. Rien ne peut exister isolément. Tant que la nature de nos relations au monde ne sera pas comprise et observée sereinement, nous entretiendrons toujours la peur.
Il y a chez l’être humain des peurs profondes qui influencent une grande partie de leurs actes. Ces peurs, telles que l’insécurité, la mort, la maladie, la misère, la solitude -si elles sont affrontées avec combat, résistance, bataille défensive- seront réenfouies, prêtes à surgir à n’importe quel moment pour entretenir un réel conflit intérieur.
Il nous faut plutôt les comprendre, les regarder sereinement en face, les observer, les pénétrer.
La cause essentielle qui anime bon nombre de peurs au plus profond de nous-même, c’est de ne pas être, de ne pas devenir, de ne pas avancer. Tant que cette angoisse nous habite, il nous est difficile de vaincre l’inconnu. Souvent, nous redoutons moins le fait tel qu’il est qu'effrayés par l’idée que nous nous en faisons. Par exemple, la peur de la mort et la mort sont deux choses bien différentes.
Si j’observe un fait, sereinement et en étant centré, et que je rentre en communion avec lui, alors je ne le craindrai plus. Si je reste à distance, que je m’en fais une idée, une opinion, je risque fort de l’interpréter avec erreur. Si je m’accorde la liberté d’observer le fait, je laisse le fait être là et je peux agir.
Ce qui cause la peur de quelque chose, c’est l’appréhension de ce que pourrait être ou faire cette chose. Mais cette appréhension est faite de nos connaissances, de nos interprétations, de nos préjugés et non du fait en lui-même. Regarder un fait sans le traduire en diminuera la peur que nous pouvons en avoir.
L’esprit, la pensée, amplifient nos ressentis en leur greffant des mots, des images. Le processus du langage qui consiste à nommer les faits, à nommer des sentiments, les amplifie. Si ces sentiments relèvent de la peur, ils l’amplifieront. La peur engendre le doute et nous démunit du libre arbitre.
Regarder la peur sans la nommer, la dissipe.