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Catherine

L’état de confiance

L’homme d’aujourd’hui, malgré les législations qu’il a créées et qui sont censées le mettre en sécurité, est cependant et plus que jamais, abandonné à son propre sort. Il ne doit toujours compter que sur ses propres forces pour vivre : force physique, force morale, force mentale.


Peu de gens dans nos sociétés nanties meurent encore de faim et pourtant, selon l’ONU, 842 millions de personnes sur 7,2 milliards à ce jour sur la planète, souffrent encore de faim chronique. Soit une personne sur neuf.

Un bref regard sur le monde à ce jour nous informe que :

- environ 232 000 habitants sont en plus chaque jour sur la planète,

- nous assistons à environ 402 000 naissances par jour dans le monde,

- il y a environ 170 000 décès chaque jour sur terre,

- 28 % de la population mondiale est âgée de moins de 15 ans et 8 % ont 65 ans et plus,

- 65 ans est l’espérance de vie moyenne actuelle dans le monde,

- l’Inde dépassera la Chine comme première nation du monde d’ici 2030.

Il y a dans le monde 5 milliards d’abonnés au téléphone mobile, soit environ 72,7 % des habitants. 30 % personnes gaspillent 90 % des ressources naturelles et énergétiques. Nous sommes plus de 2 milliards à avoir accès à internet 2017. 15 % possèdent 80 % des richesses et sont des hommes. 1 % des femmes seulement possède leur propre terre. 6 % de femmes subissent des viols, etc.


Bien que l’homme se déclare civilisé, le constat actuel que nous pouvons faire sur son évolution, ne fait finalement que cimenter la détresse existentielle qui anime bien souvent chacun d’entre nous. La grande disparité des comportements de ces 7 milliards de personnes peut faire froid dans le dos. Pourtant, cette communauté survit. Toutefois, son degré de civilisation tel que le conçoit l’idéal spirituel, est loin d’être atteint.

Dans ce monde-là, l’homme doit satisfaire ses désirs et combattre ses peurs. Lieu est de constater que ces deux aspects peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre, qu’il soit nanti ou en survie. 75 % de la population mondiale suit une religion et 30 % d’entre eux le font de manière forcée, dont 20 % ne la pratique pas et 5 % seraient prêts à mourir pour elle. Mais la religion, si tentée soit-elle de donner une explication tangible du monde et des clés pour y survivre, a toutefois ses limites... Le discours scientifique quant à lui se prévaut d’une objectivité qui ne rassure pas l’homme de la rue.

L’homme dans son animalité, fonctionne sur trois actions principales :

- s’emparer de ce qu’il désire,

- fuir s’il y a danger,

- détruire l’ennemi.

Ces trois modes de fonctionnement sont étroitement liés à la dominance de l’égo et du mental. Ces pulsions très puissantes et souterraines sont les racines des comportements les plus grossiers et sauvages aux comportements les plus raffinés et intellectuel. Lorsque l’individu entrevoit les valeurs spirituelles et le travail sur soi qu’elles exigent, il peut agir sur ces pulsions. Le simple fait d’observer le souffle ou de vous relâcher musculairement sont les premières portes élémentaires à ouvrir. Élémentaires et non moins faciles.


Pour la majorité des gens, il est très difficile d’être immobile lorsqu’ils veulent l’être, d’être silencieux lorsqu’ils veulent faire silence, et de se détendre lorsqu’ils en ont besoin. Beaucoup de tensions diverses, d’émotions refoulées, craintes, peurs, espoirs, attentes, illusions, ignorance, chagrins, tristesse, fantasmes habitent les tréfonds de chacun d’entre nous et perturbent notre surface mentale.

De plus, la dimension physiologique renvoie elle aussi les émotions enfouies et anciennes ; les traumatismes, l’usure de l’existence dans des manifestations pathologiques plus ou moins graves, parfois tout simplement par l’envie de bouger, des courbatures inhabituelles, une micro-activité physique perturbante dans la quête de l’immobilité et du repos.


Pour pouvoir être passif, non-actif et silencieux, une certaine activité est nécessaire. Le relâchement musculaire est donc la première porte, car il nécessite de lâcher, d’abandonner quelque chose. L’état de survie permanent dans lequel nous sommes fait de nous des êtres en profonde tension intérieure, des êtres sur le "qui-vive". Il y a dans nos jungles sociales, des petits rongeurs instinctifs mais il y a aussi de grands félins sans pitié. Quel qu’il soit, proie ou prédateur, l’être est bien souvent en tension profonde. Se détendre, lâcher, c’est accepter de ne plus prendre, de ne plus fuir et de ne plus détruire.

Relâcher musculairement, c’est lâcher l’enveloppe la plus accessible consciemment. C’est permettre à votre être d’aller lâcher ensuite les tensions émotionnelles et mentales profondes dues à vos conditionnements passés et présents, dues à vos justifications d’être, basées sur une éducation, un vécu, des principes et des expériences.

Lâcher, c’est ouvrir en soi l’état de confiance.

Nous sommes en permanence dans des obligations que nous nous imposons à nous-mêmes. Je dois faire ceci, je ne dois pas faire cela. Nous sommes en permanence dans le devoir de l’action. La foi, l’amour, la jouissance, la réalisation spirituelle, la réalisation de soi, sont les moyens de lâcher ce devoir, car ils apportent un fabuleux état de détente et de grâce.

Être relâché, c’est renoncer à être sur la défensive, c’est renoncer à agir.

Les mystiques chrétiens, les soufis, les hindous, parlent tous de la même chose.


Il ne s’agit pas de donner au terme "non-agir", l’aspect d’une passivité faible et désarmée, d’une paresse ou d’une fuite. Il s’agit d’être activement passif intérieurement et passivement actif extérieurement.


Pour être silencieux et non-actif, il nous faut faire un travail intérieur, à commencer par devenir attentif. Commander à mon bras de se contracter est plus facile que lui demander de se relâcher. La première commande relève presque d’un mouvement intuitif car l’énergie du qui-vive est toujours là. La deuxième procède d’une volonté plus subtile. Pour qu’il y ait une détente profonde qui ne soit pas que musculaire, il vous faudra être profondément attentif, puis lâcher-prise en vous ouvrant. Abandonner les peurs de la séparation, des limitations, de la vulnérabilité afin d’être tout simplement.

Ouvert et là, présent, attentif et non-agissant. C’est là le fondement de tout. Ce subtil travail de lâcher-prise intérieur est la porte à toute connaissance. Ce n’est qu’à ce stade là que commencera la disparition des tensions physiques, émotionnelles et mentales.


Être vigilant mais sans agitation intérieure, ouvre la perception subtile à une force qui sommeille en chacun de vous. En allant au-delà de votre égo et en ne permettant plus à votre mental de surface d’agir, votre être profond s’exprime. Le pouvoir de ce lâcher-prise intérieur, cultivé par une pratique permanente, peut devenir le meilleur moyen pour récupérer de vos découragements, fatigues et lassitudes.

Que veut dire être passivement actif à l’extérieur ?

Là encore, la notion de confiance intervient.

Dehors, la jungle est là. Dans cette jungle, nous avons à survivre sur deux plans. Sauvegarder notre santé physique et mentale afin d’assurer notre survie et notre interaction avec ce monde, mais nous avons aussi à préserver l’être qui est en nous.


Nous agissons dans le monde par le biais de notre égo qui affirme et qui crée nos identifications. L’égo ne connaît que lui. Il est toujours en action et c’est en lui que nous mettons notre confiance. Nous le polissons pour qu’il brille, mais cette individualité nous sépare de la vraie luminosité. Cet égo qui filtre tout, entretient cette éternelle dualité que les sages combattent.

Qui dit dualité, dit deux choses séparées ; nous d’un côté et le monde de l’autre.


En étant passivement actifs à l’extérieur, c’est faire confiance à l’existence et laisser la conscience se révéler dans ce qui vous arrive. Il n’est pas demandé de ne plus tendre vers un but, mais que ce but devienne élevé, essentiel, lumineux et confiant.

Si vous arrivez à maintenir ces deux attitudes, à savoir activement passif à l’intérieur et passivement actif à l’extérieur, alors vous installerez en vous une grande stabilité et un véritable apaisement.

Silence et ouverture sont les principes fondamentaux de tout travail spirituel.

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