Noé avait demandé à un couple d'animaux de chaque espèce vivant sur la terre de rejoindre au plus vite l'arche avant le déluge, mais le chat, décidément trop orgueilleux, décida d'arriver quand bon lui semblerait. Et alors que seul le couple de lions restait à embarquer, le chat se précipita dans la gueule du roi des animaux à la faveur d'un de ses nombreux bâillements et y resta bien caché, embarquant clandestinement.
L'univers entier fut bientôt inondé.
Après le déluge, l'arche de Noé erra toute une année sur les flots. Sans prédateurs, les rats s'étaient tant multipliés qu'ils étaient devenus un vrai fléau à bord. Noé avait bien demandé au lion d'intervenir pour régler le problème mais le roi des animaux trouvait cette action bien trop méprisable pour s'y atteler. Il bâilla d'ennui comme à son habitude et le chat en profita pour bondir hors de sa gueule. Dès lors, la population des rats se réduisit considérablement car le chasseur les anéantissait impitoyablement.
Alors que le long voyage touchait à sa fin, Noé ouvrit une fenêtre de l'arche et laissa s'échapper un corbeau qui revint : les terres inondées n'avaient pas fini de s'assécher. Il attendit quarante jours et lâcha une colombe, qui elle aussi revint, n'ayant pas trouvé de lieu où poser ses pattes.
Il patienta encore sept autres jours et laissa à nouveau la colombe s'envoler : elle revint cette fois tenant dans son bec un rameau d'olivier. Alors qu'elle se posait sur la rambarde, le chat se jeta sur elle et n'en fit qu'une bouchée, laissant pour seules preuves de l'existence d'une terre promise, le rameau d'olivier et quelques plumes blanches indigestes.
Noé, furieux, jeta le glouton sans âme à l'eau. Mais au lieu de se noyer, comme on pouvait s'y attendre, le chat nagea jusqu'aux rives des terres affleurant à la surface de l'eau, guidant ainsi l'arche et tous ses réfugiés jusqu'au sommet du mont Ararat où elle s'échoua.
C'est ainsi que le chat apprit à nager.