Voici un livre qui a inspiré beaucoup de générations. Je ne ferais pas d’analyse du livre, il parle de lui-même. Je laisse donc la place au texte. Aujourd'hui, sur le crime et le châtiment.
C'est lorsque votre esprit va errant sur le vent, que vous, seul et inattentif, commettez une faute envers les autres et donc envers vous-même.
Et pour cette faute commise, vous devrez frapper à la porte des élus et rester un moment, ignoré.
Pareil à l'océan est votre Moi divin, il reste à jamais pur et sans tache.
Et pareil à l'éther, il ne soulève que les ailés.
De même, pareil au soleil est votre Moi divin, il ne connaît pas les chemins de la taupe ni ne cherche les trous du serpent.
Mais votre Moi divin n'habite pas seul votre être.
Une grande part de vous est encore homme, et une grande part de vous n'est pas encore homme,
Mais un pygmée informe qui marche endormi dans la brume, en quête de son propre éveil.
Et de l’homme qui est en vous je voudrais parler maintenant.
Car c’est lui, et non votre Moi divin ni le pygmée dans la brume, qui connaît le crime et le châtiment du crime.
Je vous ai souvent entendu parler de celui qui a commis une faute comme s'il n'était pas l'un d'entre vous, mais un étranger parmi vous et un intrus dans votre monde.
Mais je dis, de même que le saint et le juste ne peuvent s'élever au-delà de ce qu'il y a de plus haut en chacun de vous, de même le méchant et le faible ne peuvent tomber plus bas que ce qu'il y a aussi de plus bas en vous,
Et comme une feuille unique ne peut virer au jaune sans que l'arbre entier n'en ait connaissance, ainsi le malfaiteur ne peut accomplir son méfait sans le secret accord de vous tous.
Comme une procession, vous avancez ensemble vers votre Moi divin.
Vous êtes le chemin et ceux qui cheminent.
Et quand l’un de vous tombe, il tombe pour ceux qui sont derrière lui, il les avertit qu'une pierre peut les faire trébucher.
Et il tombe, hélas, pour ceux qui sont devant lui et qui, bien qu'ayant le pied plus rapide et plus sûr, n’ont pas écarté l’obstacle de pierre.
Et ceci aussi, dussent ces paroles peser lourdement sur vos cœurs :
La victime d'un meurtre n'est pas sans responsabilité dans son propre meurtre, et la victime d'un vol n'est pas sans reproche dans ce vol.
Le juste n'est pas innocent des actes du malfaiteur, et celui qui a les mains blanches n'est pas innocent des actes du félon.
Oui, le coupable est souvent la victime de l'offensé.
Et plus souvent encore le condamné porte le fardeau pour l'innocent et l'irréprochable.
Vous ne pouvez pas séparer le juste de l'injuste et le bon du méchant, car ils se tiennent ensemble face au soleil, tout comme le fil noir et le fil blanc sont tissés ensemble.
Et si le fil noir se rompt, le tisserand examinera tout le tissu, et il examinera aussi son métier.
Si l'un de vous passe en jugement l'épouse infidèle, qu'il pèse aussi sur la balance le cœur de son mari, et qu'il mesure son âme avec de justes mesures.
Et que celui qui veut flageller l'offenseur regarde dans l'esprit de l'offensé.
Et si l'un de vous veut châtier au nom de la vertu et planter sa hache dans l'arbre du mal, qu'il regarde donc ses racines,
Et en vérité il trouvera les racines du bon et du mauvais, de l'arbre couvert de fruits comme de l'arbre sans fruits, toutes entrelacées les unes avec les autres dans le cœur silencieux de la terre.
Et vous juges qui voulez être justes, quel jugement prononcerez-vous contre celui qui est honnête dans sa chair alors qu’il est un brigand en esprit ?
Quelle peine infligerez-vous à celui qui tue dans la chair alors qu'il a été lui-même tué en esprit ?
Et quelles poursuites engagerez-vous contre celui qui se conduit en filou et en oppresseur, alors qu'il a été lui-même blessé et offensé ?
Et comment punirez-vous ceux dont le remords est déjà plus grand que leurs méfaits ?
Le remords, n'est-ce pas justice rendue par cette loi même que vous désirez servir ?
Mais vous ne pouvez ni imposer le remords à l'innocent ni l'abolir du cœur du coupable.
Sans y avoir été invité, il viendra dans la nuit pour que les hommes se réveillent et se contemplent.
Et vous qui voulez rendre la justice, comment le pourrez-vous à moins d'examiner chaque action en pleine lumière ?
Alors seulement vous comprendrez que celui qui est debout et celui qui est tombé ne sont qu'un seul homme qui se tient dans la pénombre entre le jour de son moi pygmée et la nuit de son Moi divin,
Et que la pierre angulaire du temple n'est pas supérieure à la pierre la plus basse de ses fondations.