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Catherine

Le diadème de rosée

Il y a très longtemps, bien loin d’ici, un puissant empereur régnait en Chine.

Cet empereur avait une fille belle et fraîche comme un bouton de rose. Hélas, la jeune princesse était très capricieuse et ne souriait jamais. Pour voir un sourire éclairer le visage de sa fille, l’empereur de Chine aurait donné tout son royaume. Chaque jour, il faisait porter à la princesse des tuniques brodées d’or, des bijoux et des pierres précieuses. Mais la princesse ne souriait toujours pas et l’empereur se désolait.

Un matin de printemps, la princesse se réveilla de bonne heure et, pieds nus, elle sortit dans les jardins du palais. À ce moment, le soleil apparut au-dessus des arbres. Sur les roses, les fleurs de lotus, les herbes sauvages, des milliers de gouttes de rosée étincelaient au soleil.

D’une cascade entre deux rochers, des gouttelettes irisées s’envolaient au souffle léger du vent. Les oiseaux, en chantant, semblaient remercier le soleil et célébrer la beauté de ce matin de printemps. Jamais la princesse n’avait vu la nature resplendir d’un tel éclat.

- Que c’est beau ! s’exclama-t-elle émerveillée.

La princesse courut aussitôt réveiller son père pour qu’il contemple ce spectacle.

- Mon père, regardez comme la rosée fait resplendir chaque fleur. Il me faut un diadème de rosée, sinon j’en mourrai.

- Un diadème de rosée, c’est impossible.

- Rien n’est impossible pour vous, mon père : vous êtes l’empereur de Chine, le maître du monde.

L’empereur ne savait pas résister aux caprices de la princesse : il était prêt à tout pour voir un sourire illuminer son visage. Il fit donc venir au palais les meilleurs orfèvres de l’empire et leur dit :

- Je vous accorde trois jours pour réaliser le diadème de rosée que je veux offrir à ma fille. Si vous échouez, vous aurez la tête tranchée.

Désespérés, les malheureux orfèvres quittèrent le palais. Tous se demandaient comment fabriquer un bijou avec des gouttes de rosée. Le troisième jour, au lever du soleil, les artisans revinrent tristement au palais.

- Où est le diadème de rosée ? demanda l’empereur.

- De grâce, épargnez-nous, supplièrent les orfèvres. Aucun homme ne peut fabriquer un bijou de cette sorte.

À ces mots, la princesse devint rouge de colère. L’empereur appelait son bourreau quand apparut à l’entrée de la pièce un grand vieillard à barbe blanche. Le vieil homme s’avança et dit :

- Glorieux empereur, je viens faire le diadème de rosée pour la princesse.

- Le diadème ?

- Oui, je viens faire le diadème de rosée, répéta le vieillard d’une voix douce, mais à une seule condition.

- Elle est accordée d’avance, n’est-ce pas, mon père ? dit la princesse.

- Tes désirs sont des ordres, ma fille, dit l’empereur.

- Parfait, répondit le vieillard, il ne me sera pas difficile de faire un diadème et même un collier de perles de rosée. Mais pour que ces bijoux puissent égaler la beauté de la princesse, elle doit choisir elle-même les plus jolies gouttes de rosée dans les jardins du palais.

La princesse courut dans le jardin pour tenter de cueillir quelques-unes de ces précieuses gouttes. Mais, chaque fois qu’elle se penchait pour les saisir, la rosée s’évanouissait entre ses mains.

- Bon vieillard, gémit la princesse rouge de honte, je ne peux pas cueillir cette rosée. Dès que je la touche, elle disparaît !

Alors le vieil homme lui dit en souriant :

- En effet, c’est impossible. Tu as demandé à d’autres une chose que tu ne peux faire toi-même.

Le vieillard caressa les cheveux de la princesse qui pleurait et il disparut.

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