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Catherine

Le poussin

Un jour, dans une campagne reculée, se produisit un événement extraordinaire.

Dans son poulailler, un fermier trouva un œuf. Rien que de très banal me direz-vous. Mais cet œuf-là avait une particularité étonnante : sa coquille était noire, du noir le plus profond, le plus brillant qu'on ait jamais vu.

La nouvelle fit rapidement le tour du village et, comme une traînée de poudre, se répandit dans toute la contrée. De très loin, on venait admirer ce prodige. Certains voyaient en lui un fabuleux trésor, d'autres au contraire, supputaient que l'œuf portait en germe de redoutables malédictions, mais tous se faisaient fort de trouver la solution à ce mystère.

Des savants, aussi doctes que prétentieux, s'intéressèrent à l'affaire et vinrent en grande pompe étudier le phénomène. Ils se livrèrent à mille théories, mille exercices de style, évaluant sans relâche son poids, son volume et sa densité.

Mais au moment où ils s'apprêtaient à approfondir leurs recherches, voilà que l'œuf se mit à bouger sur le socle où il était posé. On avait oublié qu'à l'intérieur, la vie était en gestation et celle-ci était en train de se manifester avec vigueur. Bientôt, une ouverture se créa au sommet de la coquille. Tous ceux qui assistaient à la scène reculèrent, épouvantés. Quel monstre, quelle hydre allait apparaître ?

Soudainement, un faible pépiement retentit et la tête d'un magnifique poussin, jaune comme le soleil, apparut. A sa vue, toute l'assistance manifesta sa joie par un rire franc et sonore. Quand on songe que toute cette affaire avait provoqué un beau remue-ménage, bouleversé toute une population pour un résultat ô combien prévisible !

Que faire, sinon rire et surtout rire de soi ?

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