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Catherine

Faire des massages

De plus en plus de gens veulent apprendre les techniques de massage. D’où vient ce désir de toucher l’autre ?

Les Occidentaux savent que dans certaines cultures les gens se massent dès l’enfance. Conscients d’être limités, ils aspirent à se réapproprier ce pouvoir de faire du bien à l’autre, avec tendresse et attention. Ils désirent aussi donner ce qu’ils reçoivent. Ils ressentent les bienfaits d’un massage et disent : J’aimerais bien le faire à mon mari. Parfois, ils se lancent seuls, à l’instinct. Un homme masse les jambes de sa femme enceinte. Puis vient le jour où ils veulent structurer leur pratique.

En quoi masser autrui nous fait-il du bien ?

Masser offre un réapprentissage du toucher, bienfaisant pour tous ceux qui ne sont pas à l’aise avec le contact corporel, mais aussi pour ceux qui ont été victimes d’une agression dans leur corps. Elles se rendent compte qu’elles se sont isolées ou renfermées. Apprendre à toucher les autres, c’est apprendre à se sentir en sécurité. C’est aussi apprendre la maîtrise de son corps : contrôler ses gestes, en mesurer la puissance, la précision des appuis.

N’y trouve-t-on pas aussi un simple plaisir tactile ?

Bien sûr. Toucher quelqu’un est un acte riche et intime. La douceur de la peau, les courbes d’un corps que l’on s’autorise à explorer peut-être pour la première fois dans toutes ses nuances, les zones plus chaudes, plus moites, les odeurs qui en émanent avec subtilité. Ces messages sont autant de trésors sur le chemin de la connaissance de soi et du plaisir de vivre.

Qu’offre-t-on à l’autre ?

Un sentiment de sécurité quand il s’abandonne. Le toucher enrichit la relation à deux et la rend plus harmonieuse. Et puis, sans être praticien de santé, certains gestes basiques font du bien. Ainsi, on peut soulager le dos et les épaules d’un enfant qui porte son cartable toute la journée et qui adopte de mauvaises positions à l’école. Il ne s’agit pas de kinésithérapie ni d’ostéopathie. On n’est pas là pour réparer mais pour détendre. Et si des larmes surviennent, pas de psychothérapie sauvage. On laisse les émotions s’exprimer en continuant à masser de façon bienveillante.

Peut-on masser sans restriction toute sa famille ?

Il faut avoir la main plus légère avec une personne âgée, qui a des os fragiles et une grande sensibilité des capillaires. De même, on masse un bébé pas plus d’un quart d’heure. Avec les femmes enceintes, on évite le ventre. Enfin, mieux vaut s’abstenir de masser un malade. Même si on a parfois envie de soulager un proche fébrile et courbaturé à cause d’une grippe, cela peut répandre l’infection.

Faut-il avoir un don ?

Non, sauf celui du cœur. Tout un chacun est tout à fait capables de prodiguer du bien aux autres. C’est avant tout une sensibilité à percevoir ce qui se passe chez l’autre : où sont les tensions ? les manques ? Vaut-il mieux s’orienter par ici ou par-là ?

Lorsque l’on est inexpérimenté, ne risque-t-on pas de commettre des erreurs ?

Celui qui est massé saura vous dire qu’il a mal au dos ou au genou. Le massage à la maison doit rester superficiel. C’est un massage de confort, de plaisir, non d’un praticien de santé. Les gens jouent parfois les apprentis sorciers avec beaucoup de bonne volonté mais ça ne s’improvise pas. Hors de question de masser en profondeur des zones douloureuses lorsqu’on ne connaît pas la technique ni l’origine de la douleur. Dans tous les cas, on ne massera jamais les zones atteintes par une maladie de peau ou une inflammation de type arthrose, pas plus que le dos en cas de lumbago ou de hernie discale.

Justement, le massage n’induit-il pas une intimité qui peut devenir ambiguë ?

Toucher le corps de l’autre fait du massage un acte très sensuel, sans qu’il y ait pour autant d’intention érotique. L’émotion peut monter en toute innocence. Il faut la recevoir en soi avec lucidité et détachement. La seule chose qu’il ne faut en aucun cas perdre de vue, c’est la responsabilité éthique de celui qui masse. Il faut être clair dans sa tête, et prudent. Notamment avec un enfant qui, bien dans sa peau, sera érotique naturellement. Il se trémoussera, demandera à être encore plus touché. L’adulte a la responsabilité de fixer la limite.

Faut-il être absolument calme pour masser ?

Quand on attend d’être parfait, on ne fait jamais rien. Il se peut que la sérénité vienne au bout d’un quart d’heure. Masser suppose de s’entraîner à rester centré, à ne pas perdre son niveau de vigilance. Cela étant, s’occuper de l’autre quand on est à cran ou mal dans sa peau n’est jamais une bonne idée. On se force pour lui faire du bien, et on lui communique notre mal-être. Il vaut mieux s’accorder un sas : dix minutes de méditation, un bain décontractant, un quart d’heure de yoga… ou inverser les rôles.

L'art et la manière

Pour éviter hésitations, maladresses et vous lancer dans les meilleures conditions, voici quelques conseils :

Débrancher le téléphone : instaurez une ambiance sereine ; assurez-vous de la chaleur ambiante, choisissez une lumière douce, des senteurs agréables. Cela nourrit tous les sens.

Frottez-vous les mains : cela permet de créer un peu de chaleur et d’émulsionner votre baume de massage.

Choisissez votre huile : décontractante, relaxante, dynamisante. Si vous n’aimez pas le gras, utilisez un lait corporel ou du talc. Tous ces produits évitent l’échauffement et les accroches désagréables.

Prenez votre temps : la durée moyenne est de vingt minutes pour un massage partiel, quarante-cinq pour un massage du corps entier.

Laissez-vous guider : attardez-vous en priorité sur les zones contractées. La personne massée peut aussi vous demander d’insister ou de revenir sur un endroit précis. Plus vous masserez, plus vous vous laisserez guider par vos mains.

Suivez votre respiration, le rythme de vos gestes suit celui de votre propre respiration. Calez-vous sur un rythme paisible et laissez vos mouvements surfer sur ce tempo comme une vague. Plus vous ralentissez, plus vous relaxez la personne massée ; si vous accélérez, vous la tonifiez. Suivre la respiration de l’autre exige un niveau plus avancé.

Commencez par le dos : c’est la zone qui concentre le plus de tensions. Faites de grands effleurages sur l’ensemble du dos, puis des pétrissages des épaules et poncez de chaque côté de la colonne vertébrale avec vos pouces.

Trois techniques de base

1. Effleurage (sécurise, unifie, relaxe) : laissez glisser vos paumes à plat avec fluidité, en épousant les formes du corps. Appuyez légèrement ou repassez plusieurs fois sur les tensions.

2. Pétrissage (ôte les contractures, la fatigue et favorise la circulation du sang) : malaxez puissamment les zones musculaires et charnues.

3. Percussion (stimule la vitalité, la circulation, raffermit et décontracte) : mains et poignets détendus, tapotez d’un geste ferme et sec avec le bout des doigts ou la tranche des mains.

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