C'était au temps où l'on avait découvert les vertus de l'huile de foie de morue comme tonique et fortifiant. Elle coûtait fort cher. Un sultan, très amoureux de son magnifique chat persan, décida de l'en faire bénéficier quotidiennement.
Les serviteurs chaque matin usaient de mille ruses pour coincer l'animal et lui faire ingérer de force le précieux breuvage à l'aide de la cuillère d'or qui seule convenait bien sûr à son rang. C'était chaque jour un combat éperdu. Le chat miaulait de colère, se débattait toutes griffes dehors, luttait de tous ses muscles bandés contre l'ingestion qui ne lui plaisait guère, à l'évidence.
Le sultan en était tout attristé. On doubla le personnel, on rivalisa de ruses nouvelles, sans plus de résultats. Jusqu'au jour où il surprit son animal favori, revenu furtivement, en train de lécher la cuillère encore humide du précieux produit.
Ce n'était pas contre l'huile que se rebellait le chat, mais contre la manière dont on voulait la lui faire prendre.