Pourquoi aimons-nous la musique ? Parce qu’elle libère des molécules euphorisantes dans le cerveau. Parfois jusqu’à la dépendance.
La musique est souvent un plaisir, parfois une passion, dans certains cas une addiction. Certains morceaux nous trottent dans la tête, et demandent à être écoutés en boucle au point que l’on développe une relation de quasi-dépendance vis-à-vis d’eux. Comment expliquer ce phénomène ? Des neurobiologistes ont observé les molécules libérées dans le cerveau d’un auditeur lorsqu’il entend son morceau de musique préféré et ont réussi à visualiser la libération de dopamine, une molécule associée au plaisir, par exemple le sexe, ou la prise de cocaïne ou d’héroïne, dans deux régions du cerveau.
La technique utilisée consiste à injecter un composé radioactif –inoffensif– aux volontaires : ce composé a une structure moléculaire proche de la dopamine et s’accumule sur les neurones tant que la dopamine est absente. Mais au moment où le cerveau produit de la dopamine, cette dernière chasse le composé radioactif et le signal de radioactivité enregistré diminue.
Les chercheurs ont ainsi constaté deux événements cérébraux liés à l’écoute de la musique : lorsque les auditeurs anticipent leurs passages préférés, la dopamine est libérée dans une zone nommée noyau caudé. Cette structure cérébrale enregistre des associations entre certains gestes et des sensations, par exemple entre le fait de manger et celui d’être rassasié. Ainsi, elle permettrait à l’auditeur d’anticiper, dès les premières mesures, le plaisir qu’il ressentira au passage le plus poignant. Au moment fatidique où les auditeurs confient ressentir un frisson d’extase, la dopamine irrigue alors un autre centre nommé noyau accumbens, cible des drogues : c’est l’accomplissement hédonique, le plaisir pur. Les grands compositeurs savent préparer leurs effets, distillant l’attente avec un art consommé : ils manipulent sans le savoir la production de dopamine dans le cerveau.