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Catherine

Au-delà de l’orgasme, des clés pour sauver l'amour 2/2

Une logique évolutionnaire

Par conséquent, ce qui arrive actuellement dans notre société est parfaitement normal en termes évolutionnaires. Le principal problème est juste l'inacceptable détresse émotionnelle et l'immense bouleversement social que cela provoque. Notre santé et notre bien-être sont également touchés, alors que des relations harmonieuses durables les améliorent.


Au départ, nous nous attachons l'un à l'autre en tombant amoureux via une libération généreuse d’ocytocine et nous apprécions les excitants pics de dopamine durant nos rapports sexuels. Peu à peu, l'ardeur de nos sentiments amoureux commencent à s'émousser. Dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de maintenir une vie sexuelle excitante. Au lieu d'apprécier les pics de dopamine, nous devons de plus en plus faire face aux baisses de cette hormone consécutives à nos rapports sexuels routiniers. Nous commençons à voir tous les défauts de notre partenaire jusqu'à présent masqués par les taux élevés d’ocytocine (dus à un contact physique fréquent sans associations subconscientes désagréables). Ces baisses de dopamine peuvent durer jusqu'à deux semaines, provoquant une tension considérable au sein d'une relation.

Durant ce laps de temps, nous avons tendance à être plus irritables, à faire des remarques, à avoir du ressentiment, à nous sentir frustrés, à nous faire des reproches mutuels et à ressentir d'autres émotions négatives révélatrices d'un malaise biologique. Selon notre constitution émotionnelle, nous pouvons alors développer un désir subconscient de se séparer, et c'est ce que finissent par faire beaucoup de couples. Au fil du temps, ces derniers peuvent commencer à se désintéresser du sexe et à se replier émotionnellement. Ils peuvent aussi essayer de transférer leur engagement émotionnel vers d'autres centres d'intérêt communs et parvenir ainsi à maintenir une relation satisfaisante. D'autres encore peuvent tenter de maintenir des expériences de pics de dopamine en explorant toutes les positions sexuelles différentes, en pratiquant l'échangisme ou en s'intéressant à un nouveau partenaire.

Drogues de substitution

Les pics de dopamine peuvent également être maintenus en devenant dépendant de quelque chose, peu importe de quoi : drogue légale ou illégale, jeux d'argent, courses et paris, chocolat ou, le plus souvent, recherche d'un partenaire sexuel différent. En plus de causer à long terme des problèmes de santé liés au stress et autres, les accoutumances ont également une multitude d'effets secondaires désagréables sur notre capacité d'intimité. Dans la structure actuelle de notre société, c'est évidemment un avantage d'entretenir des relations sexuelles stables et mutuellement bénéfiques dans l'intérêt des enfants, mais aussi pour le bien-être émotionnel des parents. Comme cet objectif est contraire à notre conditionnement neurochimique évolutionnaire, nous devons trouver des moyens de surpasser les modifications hormonales qui finissent par nous séparer.


En termes hormonaux, nous devons maximiser la production d’ocytocine et éviter les montagnes russes de la dopamine. En dehors des activités procréatives occasionnelles, tout ceci pourrait se faire dans le cadre d'une relation tendre et platonique. Toutefois, il y a un hic biologique : pour conserver un corps sain et robuste, nous devons également maintenir une forte production d'hormones sexuelles. Rien ne vaut les sentiments sexuels pour maintenir cette production hormonale. C'est comme pour un muscle, mieux vaut le faire travailler sous peine de le voir s'atrophier.

Dans ce contexte, voici quelques conseils qui apportent non seulement une satisfaction émotionnelle, mais tissent aussi de forts liens affectifs et consolident fortement la relation :

Restez allongés, unis dans le calme, juste pour vous détendre et vous sentir proches, aimés et protégés, sans essayer de provoquer d'effets particuliers. Si vous dormez ensemble, vous pouvez prendre l'habitude d'avoir un rapport chaque jour avant de vous endormir, en vous réveillant, ou les deux. Cela peut se faire sans bouger, juste pour se sentir proche l'un de l'autre. Vous pouvez aussi dormir peau contre peau. Une union basée sur l'amour permet de renforcer naturellement le contrôle de soi sur le plan sexuel.


Il s'agit d'une félicité, d'un bonheur suprême, d'une béatitude. On est plongé également dans un état d'amour océanique, c'est-à-dire qu'on aime son partenaire bien sûr, mais aussi le cerisier en fleurs qu'on aperçoit par la fenêtre, l'oiseau qui chante, les gens, la terre entière. Soyez attentif, ressentez, observez bien, c'est quelque chose d'extraordinaire, c'est à ce moment-là qu'apparaît le fait de se sentir appartenir à l'univers, au monde entier. Quand je parle comme cela de l'orgasme aux gens, ils sont d'accord, simplement, ils ne savent pas mettre de mots sur cette expérience, parce que cela été censuré pendant si longtemps que l'on passe à côté. L'orgasme est une donnée immédiate de la conscience, tout le monde y a accès, même si ça échappe à la plupart des gens.


Cela dit, je pense qu'il faut absolument rappeler ou informer les gens que l'orgasme n'est qu'une option, qu'il y en a d'autres. L'orgasme n'est pas à rechercher à tous les coups, encore moins le poly-orgasme. Il peut être conservé une fois sur deux, une fois sur trois.

Et l'orgasme obligé, partagé et synchrone est donc un mythe ?

C'est plus qu'un mythe, c'est un terrorisme ! Il ne pèse pas sur l'homme puisque pour lui, c'est automatique, mais l'éjaculation n'est pas indispensable, une fois sur trois suffit. L'homme peut avoir une sorte d'orgasme sans éjaculation, un pré-orgasme. Cependant, la plupart des hommes croient que c'est impossible. Pourtant, il y a des astuces, des techniques. La priorité, c'est de dire à l'homme : orgasme d'accord, mais sans éjaculation. Quand on parle de maîtriser l'éjaculation, on pense aux exercices taoïstes. Mais ce n'est pas ça, ni tantrisme ni taoïsme.

D'ailleurs, faire du tantrisme, participer à des week-ends de tantrisme, c'est du folklore. Ce n'est pas en allumant une bougie, en faisant brûler de l'encens qu'on devient tantrika. En réalité, cela représente dix ans de retraite dans un monastère et le tantrisme sexuel, ça ne vient qu'au bout de dix ans, c'est la cent-dixième proposition du tao. Donc, ça ne s'adresse pas à un occidental. Ce qu'il faut à l'occidental, c'est apprendre à maîtriser son éjaculation tout en ayant un orgasme. Oui, une autre sorte d'orgasme, un orgasme plus diffus qui n'est pas un éclatement, mais qui vaut la peine parce qu'on peut le renouveler plusieurs fois, des quantités de fois, alors qu'avec l'éjaculation, il y a toujours la phase réfractaire, de perte de l'érection, où l'homme est épuisé, parfois irrité.


S'il maîtrise ce pré-orgasme, il pourra se retenir plus longtemps, chaque poussée sera plus forte, il sera dans un état extatique qu'il ne peut atteindre autrement. Il va découvrir un état de désir permanent, de fusion des peaux, des quantités de choses qui valent mieux qu'un éternuement...

La femme doit-elle aussi espacer les orgasmes ?

Cela est valable pour l'homme mais non pour la femme. En effet, l'homme subit cette fameuse phase réfractaire accompagnée de mélancolie qu'il n'y a pas chez la femme car "lente à porter en tumescence ses tissus érectiles, ces derniers restent gonflés beaucoup plus longtemps que l'homme".


Il n'est pas question de dire aux femmes : ayez des orgasmes sinon vous n'êtes pas une femme, sinon votre compagnon ne se croira pas un bon amant. Ce n'est pas un brevet de "bon amant" ou de "je suis une vraie femme". Non, cela fait partie de la biologie de la femme d'avoir la possibilité de renouveler les orgasmes, alors pourquoi s'en priverait-elle ? Mais là encore, pas question de battre des records. Il y a des femmes qui avec un orgasme sont contentes, d'autres à qui il en faut plus.

La notion de sacré dans la sexualité

Jamais la sexualité n'a été sacrée, pire, dans des temps pas si anciens, c'était un péché. Mais, petit à petit, les gens ont pris leur distance avec l'idée de péché et se sont libérés. Malheureusement, cela n'est pas devenu sacré pour autant. À la place, il y a eu un grand vide et, comme la nature a horreur du vide, la pornographie s'est imposée. Ce qui est dramatique, c'est que les gens sont malheureux, parce que cela n'a pas de sens. Alors, comment sacraliser la sexualité ? Il faut d'abord lui donner un sens. Car le manque de sens a des conséquences désastreuses sur la sexualité, et notamment la chosification du corps, spécialement celui de la femme : le sadomasochisme, les tournantes, l'échangisme...


La sexualité est mécanisée, le plaisir s'use rapidement, tout est possible en quantité, c'est le règne de la performance, pas de la qualité. Et comme ça s'use très vite, les gens entrent dans une escalade du hard. Le résultat, c'est que les couples sont tristes. Souvent, ils versent dans la drogue, l'alcool, etc. Cependant, ce n'est pas de se tourner vers les civilisations orientales, le taoïsme, le tantrisme, que cela va changer quelque chose. Cela ne va toucher que quelques rares personnes. Allez expliquer à quelqu'un que Shiva + Shakti = Dieu, ce n'est pas la peine !

Comment s'y prendre alors ?

Premièrement, il faut réhumaniser la sexualité, en faire une relation, une façon de parler, de dire à l'autre : Je te désire, je t'aime, j'ai du plaisir, je veux te donner du plaisir, je veux te sécuriser, te protéger. Quand on fait l'amour avec quelqu'un, plein de choses passent par le toucher, mais je parle ici d'un toucher qui a du sens, pas le toucher technique mais un toucher humain, altruiste, de tendresse, qui veut dire quelque chose. Deuxièmement, je suggère de ne plus considérer l'autre comme un objet mais comme un sujet, c'est-à-dire comme un autre nous-même avec sa sensibilité, un idéal, des rêves, des blessures. Enfin, il s'agit, comme je le dis plus haut, de prendre conscience que l'orgasme est un état de conscience supérieure, que ce n'est pas n'importe quoi, qu'il ouvre sur l'amour océanique, la non-séparation.


Cet état de conscience rejoint tous les états de conscience supérieurs, c'est-à-dire ce qui monte en nous en écoutant Mozart, en regardant un coucher de soleil, devant un enfant, devant la beauté en général, dans l'amour naissant, dans la méditation.

Au-delà de l’orgasme, des clés pour sauver l'amour

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