La pleine conscience est une clé du bien-être et du bonheur.
Comment un geste aussi simple –arrêter un instant sa course et prendre conscience de ce qui se passe en soi et hors de soi– peut-il suffire à augmenter notre bien-être, voire à nous ouvrir au bonheur ?
L’idée de base est de poser son attention sur tout ce qui compose l’expérience de l’instant présent : notre corps, notre souffle, les sensations de notre peau, les sons alentour, nos émotions, nos pensées… Il s’agit d’avoir conscience de tout cela, mais sans s’y accrocher, de garder une attention éveillée et fluide, sans intention ni recherche de résultat immédiat.
On ne cherche pas à se détendre ni à se relaxer. Il faut juste essayer de se mettre à l’écoute de tout, le plus amplement possible. Cet exercice constitue une porte d’entrée vers l’exploration des espaces infinis de la conscience universelle.
Une étude menée sur cent soixante personnes anxieuses ou gravement dépressives a prouvé que la méditation est un outil aussi efficace que les antidépresseurs dernière génération.
Certes, l’effort est différent : dans un cas, la personne prend une pilule le matin et peut ensuite tout oublier ; dans l’autre, elle doit mobiliser son attention pendant toute la journée. Mais elle change aussi radicalement d’existence.
Si j’en juge par ma propre expérience, cela en vaut la peine. C’est comme si, jusque-là, vous n’aviez pas vraiment vécu : toute votre existence prend une densité extraordinairement nouvelle.
Alors, comment pratiquer ?
La pleine conscience comporte trois exercices quotidiens :
Démarrer la journée par une assise silencieuse
Cela consiste à rester assis, le dos droit, les yeux fermés ou mi-clos, sans autre but que d’être présent. Si vous êtes très pressé, cette séance peut se limiter à cinq minutes, l’essentiel étant de pratiquer régulièrement. Il s’agit de prendre tranquillement conscience de ce qui se passe en vous et autour de vous.
Cela paraît étonnant, mais rester chaque matin assis cinq minutes, immobile, en respirant naturellement, tout le monde n’y arrive pas ! C’est dommage, parce que ce minuscule moment permet à un immense espace de s’ouvrir en vous.
Une clarification se fait sur ce que vous êtes, sur ce vers quoi sont orientés votre esprit et votre corps. Vos capacités perceptives s’affûtent et cela muscle votre stabilité attentionnelle, une des clés du bien-être. En effet, plus votre attention est stable, plus vous serez capable de vivre des instants heureux.
Si vous êtes motivé, l’idéal est de pratiquer cet exercice non pas seulement cinq minutes, mais un bon quart d’heure chaque matin.
Accepter de ressentir vos émotions
Essayez, à chaque fois qu’une émotion forte vous traverse, agréable ou désagréable, de la ressentir pleinement, tout en la replaçant dans le contexte global.
On a du mal à l’admettre au début, mais cela s’impose dans la pratique : quand une douleur, une angoisse, une tristesse nous torture, nous avons tendance à nous crisper dessus. La pleine conscience consiste non pas à refouler cette souffrance, mais à la ressentir en élargissant notre conscience à tout le reste.
Dans cet espace plus vaste, la souffrance se dilue. Il faut le vivre pour le croire. C’est la différence entre savoirs intellectuel et expérimental : quand vous avez vécu la dissolution d’une douleur qui vous semblait insurmontable, un déclic essentiel se produit en vous. Vous découvrez que vous pouvez traverser la plupart des souffrances de cette façon-là.
Cette démarche vous rend ainsi plus heureux.
Étendre la pleine conscience à toutes vos activités
Une fois intégrées les deux premières étapes, appliquez la pleine conscience à beaucoup de vos activités, sinon à toutes. Quand vous faites la vaisselle, ne faites que cela. Ne vous plaignez pas de cette occupation, notez qu’éventuellement vous reparlerez du partage des tâches ménagères avec vos proches, mais ne vous laissez pas entamer par cette idée.
Soyez attentif à la façon dont vous rendez les assiettes propres, au chatoiement de la lumière dans la mousse, à la sensation d’eau chaude ou froide. Pareil quand vous pelez les légumes : soyez pleinement attentif à la carotte ou à la pomme de terre que vous épluchez, écoutez le crissement du grattoir sur la pulpe, ressentez la légère bruine de la sève sur votre visage, humez-en le parfum.
Même chose quand vous parlez avec quelqu’un : écoutez-le pour de bon, ne le jugez pas d’emblée, ne préparez pas d’avance votre réponse. Ensuite, quand ce sera votre tour de parler, ne faites que ça.
Quand vous marchez dans la forêt, écoutez-la, ne téléphonez pas en calculant ce que vous ferez lundi prochain.
Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de pratiquer la pleine conscience en permanence. Rien ne vous interdit de faire rapidement plusieurs activités en même temps. Mais il faut vous assurer que votre vie comporte assez de moments où vous agissez en vous concentrant sur une seule chose. Cela fera grand bien à votre corps et à votre esprit.
Si la méditation connaît un tel engouement, c'est qu'elle répond à un besoin majeur. Sans vie intérieure, nous perdons notre humanité. La pleine conscience nous permet de la retrouver, en améliorant également notre santé et notre bien-être.