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T.S. Eliot

La Terre vaine

Avril est le plus cruel des mois, il engendre,

Des lilas qui jaillissent de la terre morte, il mêle,

Souvenance et désir, il réveille,

Par ses pluies de printemps les racines inertes.


Quelles racines s'agrippent, quelles branches croissent

Parmi les rocailleux débris ? O fils de l'homme,

Tu ne peux le dire ni le deviner, ne connaissant,

Qu'un amas d'images brisées sur lesquelles frappe le soleil.


L'arbre mort n'offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,

La roche sèche aucun bruit d'eau. Point d'ombre,

Si ce n'est là, dessous ce rocher rouge

(Viens t'abriter à l'ombre de ce rocher rouge).


Et je te montrerai quelque chose qui n'est,

Ni ton ombre au matin marchant derrière toi.

Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre,

Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière.

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