La vulnérabilité est comme l’incertitude, la prise de risque, l’ouverture émotionnelle. On est complètement nu quand on est vulnérable.
Accepter sa vulnérabilité, c’est répondre à cette question : Qu’est-ce qui vaut la peine d’être fait même si j’échoue ?
La vulnérabilité est de la faiblesse
L’idée que la vulnérabilité est une preuve de faiblesse est le mythe le plus répandu et le plus dangereux. La vulnérabilité est au cœur des émotions car ressentir, c’est être vulnérable. Croire que la vulnérabilité est une faiblesse, c’est croire que ressentir des émotions est une faiblesse. Or ? être vivant, c’est ressentir toute la palette des émotions humaines et se mettre à l’écoute des messages que ces émotions nous envoient afin de gagner en qualité de vivant.
Le fait de ressentir n’est pas une faiblesse, c’est être en vie. La vulnérabilité est le terreau de l’amour, de l’intimité, de la joie, du courage, de l’empathie et de la créativité. La vulnérabilité est aussi la source de l’espoir, de la responsabilité et de l’authenticité. La vulnérabilité a le goût de la vérité et l’odeur du courage. La vérité et le courage ne sont pas toujours confortables, mais ils n’ont rien à voir avec la faiblesse. Accepter la vulnérabilité, c’est prendre un énorme risque affectif, c’est beaucoup oser. Or, “oser” et “être faible” ne sont pas vraiment synonymes.
Nous adorons tous être témoins de la vérité et de l’ouverture des autres, nous sommes touchés par une personne qui se met à nu, qui raconte des expériences de sa vie douloureuses. Pourtant, nous craignons de nous mettre à nu nous-mêmes devant les autres. C’est le nœud du problème : je veux éprouver votre vulnérabilité mais je ne veux pas être vulnérable. La vulnérabilité est synonyme de courage chez vous et de faiblesse chez moi. Votre vulnérabilité m’attire, la mienne me dégoûte. Accepter sa vulnérabilité, c’est tout sauf faire preuve de faiblesse : c’est oser avec courage.
La vulnérabilité et moi, ça fait deux
Il n’existe pas de coupe-file contre la vulnérabilité. Aucun être humain ne peut se débarrasser de l’incertitude, du risque et des émotions inhérents à l’expérience du quotidien. Faire preuve de vulnérabilité a toujours à voir avec le fait d’être en vie, d’être en relation. Éprouver la vulnérabilité n’est pas un choix. La seule option dont on dispose, c’est la manière dont on réagit à l’incertitude au risque et à l’émotion.
La vulnérabilité, c’est tout dire
La vulnérabilité consiste à faire part de ses sentiments et de ses expériences à celles et ceux qui ont “gagné le droit” de les connaître. On ne peut certes pas toujours avoir de garanties quand on ose, quand on prend le risque de parler et de s’ouvrir avec authenticité.
La vulnérabilité est fondée sur la réciprocité et la confiance. Une fausse vulnérabilité sans bornes mène au détachement, à la méfiance et à la rupture. Faire des révélations intimes intempestives, “tout dire” est justement une manière de se protéger de la vulnérabilité réelle, de la création d’un lien profond de confiance. On a besoin de faire confiance pour être vulnérable et on a besoin d’être vulnérable pour faire confiance.
Cependant, la confiance est un processus lent et progressif qui se construit à partir de petits moments du quotidien. La confiance se nourrit de micros instants où on “est là” pour l’autre, où on prend la décision d’entrer en contact avec l’autre.
La confiance peut être ébranlée par des grosses trahisons (adultère, mensonge, ruine financière, révélation d’une confidence…) mais aussi par la négligence quotidienne à travers le détachement (le manque de démonstration d’amour, le manque de gestes d’affection, l’absence de volonté de consacrer du temps et de l’énergie à la relation…). Le détachement est l’absence d’intimité, d'authenticité… et donc de vulnérabilité. La confiance est le fruit de la vulnérabilité. Elle se développe avec le temps et requiert des efforts, de l’attention et un engagement total.
On peut faire cavalier seul
“Faire cavalier seul” est souvent déprimant et source d’insatisfaction (les êtres humains étant des animaux sociaux, nous avons un besoin vital de relations sociales) et c’est justement la force que cela nécessite de faire cavalier seul qui en fait un objet d’admiration (c’est le mythe du “self made man”). Le parcours de la vulnérabilité n’est pas un voyage qu’on entreprend seul. Il y faut du soutien et des êtres qui nous acceptent inconditionnellement, qui nous relèvent quand nous commettons des erreurs ou connaissons des échecs. Et plus nous osons, plus nous risquons de connaître l’échec...
La vulnérabilité engendre la vulnérabilité ; le courage est contagieux. Pouvoir se montrer brave, courageux et en même temps peureux ou triste à des personnes de confiance qui ne jugeront pas ou ne se détourneront pas, fait partie de l’équation. En effet, on ne peut pas apprendre tout seul à être plus courageux et vulnérable. La première et la plus grande des audaces est parfois de solliciter un soutien.