Un maître avait l'habitude de recevoir chaque jour un élève différent une heure avant la méditation du soir.
Il leur faisait raconter par le menu leur journée : ce qu'ils avaient vu, mangé, goûté, ressenti, leurs colères et leurs moments de bonheur même minuscules, les envies qui leur étaient passées par la tête, mais aussi les frustrations, les dégoûts, les doutes, les désespoirs.
Il leur faisait décrire certains visages croisés, inconnus, qui les avaient frappés, des scènes vécues ce jour-là dans la rue, chez eux, au travail ou ailleurs.
Il les poussait à donner le maximum de détails, à vraiment se remémorer les moindres souvenirs de leur fonctionnement dans ce quotidien-là.
A la fin, il les envoyait méditer en disant simplement :
- Une journée, une vie.